Deuxième page

-Sen-chan, ça va ?

Makoro Testue, la coqueluche masculine de la classe lui envoya un sourire charmeur.

-Oh. Makoro-san. Oui merci.

-Tu te mets avec moi en physique ?

-Euh…Arane…

-Ne te gêne pas pour moi Sen-chan ! Mets-toi avec Makoro-kun !

-Bien. Oui alors…

Makoro avait été un ami en maternelle. Mais il s’était éloigné et maintenant il n’y avait plus grand chose à lui dire.

C’était un jour d’expérience. Sen aimait bien ça mais Makoro gâchait un peu. Peu actif, il la regardait surtout faire et semblait éprouver un plaisir pervers à s’approcher, s’approcher… pour regarder l’expérience.

Sen n’aimait pas ça. A chaque offensive de Makoro, elle bougeait discrètement sa chaise pour s’éloigner.

Il la frôlait parfois et rien que cela faisait battre son cœur de frayeur. Elle ne le considérait plus comme assez familier pour pouvoir la toucher ou d’être si prêt d’elle.

Non il n’avait pas ce droit.

-Et bien Sen, à quoi penses-tu ?

Il s’était encore rapproché. Il l’avait appelée par son prénom simple. Ce n’était pas son droit.

Sen voulut faire reculer sa chaise pour fuir lâchement mais le mur derrière elle la coinçait.

Le loup en face d’elle sourit innocemment :

-Tu sais je ne mords pas Sen-chan.

Sen rougit. Elle détestait cela.

-Non… je sais mais…

Sen suait à grosse goutte. Elle détestait cela aussi.

Coincée et forcée à ne plus laisser passer aucune émotion, elle décida de faire comme si il n’était pas là. Exercice difficile lorsque l’on doit faire une expérience à deux.

Un exercice difficile que la sonnerie abrégea à son grand soulagement.

De peur qu’il la suive, elle courut se ranger devant la salle de japonais afin d’être seule durant la récréation. Au bout de deux minutes elle se trouva ridicule et descendit en lisant Sun Tzu, qui pensait que la finesse de la manipulation était un plus grand art qu’une belle bataille bien rangée.

Soudain elle eut l’impression que Makoro et elle avaient fait la guerre. Elle qui avait lu Sun Tzu vait fuit lâchement alors que Makoro, lui, avait comprit l’élégance de la manipulation et l’avait employé comme un maître. Mais pourquoi avaient-ils fait la guerre ? Seul Makoro devait savoir.

Une fois sortie du bâtiment, elle respira à fond et se dirigea vers Arane , quand une main se posa sur son épaule.

-Hey, Sen-chan !

Elle se retourna et poussa un hurlement de frayeur.

-Je… je te déteste !

Makoro la regarda fuir avec un sourire bienveillant sous lequel on pouvait déceler une pointe d'ironie.

Sen se réfugia aux toilettes et se calma. Ce garçon l’avait JUSTE touchée ! Ce geste n’aurait dû QUE la désorientée, elle n’aurait pas du péter un câble pour si peu ! Son calme rigide et froid sous lequel elle se cachait l’avait quittée si rapidement qu’elle en avait peur. Elle avait vu pire et il était temps qu’elle reprenne ses esprits.